Préciser le risque de maladie cardiovasculaire

18 avril 2011








Art ou génétique? Dans une percée majeure, le consortium international CARDIoGRAM a découvert 13 nouveaux variants génétiques associés au risque accru de cardiopathie. Cette image montre une sortie produite par l’appareil GeneTitan, utilisé par l’Institut de cardiologie lors de sa participation à CARDIoGRAM. Chaque carré figurant dans l’agrandissement représente un des 1,1 million de variants génétiques auxquels chaque échantillon est comparé. Le noir indique que l’échantillon n’a pas de copie du variant donné, le jaune indique la présence de deux copies du variant, tandis que les autres couleurs indiquent la présence d’une seule copie.

Le variant 9p21 est le plus important facteur de risque génétique de cardiopathie chez les personnes de race blanche et d’origine asiatique. Dès la découverte du gène 9p21 en 2007, des études ont montré uniformément que la présence d’une copie d’une variation génétique sur le gène 9p21 augmente de 15 à 20 p. 100 le risque de maladie du cœur. La présence de 2 copies fait grimper le risque à 30 à 40 p. 100.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les chercheurs n’ont pas eu beaucoup de succès en utilisant les variations du gène 9p21 pour prédire le risque de maladie du cœur chez ces personnes. Plusieurs études ont d’ailleurs montré que l’ajout de données sur le gène 9p21 au panel de facteurs de risque classiques de la maladie du cœur, comme l’hypertension, le cholestérol sanguin, l’obésité et le tabagisme, n’augmentait pas l’efficacité prédictive.

Cela s’explique en grande partie par la qualité des modèles standards de prévision du risque, selon Robbie Davies, analyste en génétique statistique au Centre de méthodes de recherche en cardiologie de l’Institut de cardiologie, dirigé par George Wells, coauteur de CARDIoGRAM. « Nous tentons d’ajouter des fonctions prédictives à un modèle déjà très bon. Ce qui ne laisse qu’une toute petite place pour les prévisions à base d’informations génétiques », dit-il.

Dans un article publié récemment dans Circulation: Cardiovascular Genetics, M. Davies et ses collègues de l’Institut de cardiologie et de la Clinique de Cleveland ont essayé d’accroître l’efficacité prédictive de l’information génétique sur le risque de maladie cardiovasculaire en utilisant davantage d’informations. Ils ont analysé des facteurs de risque classiques associés au 9p21 et les ont comparés aux facteurs de risque classiques jumelés à un panel de 12 variations génétiques liées à la maladie du cœur ou à la crise cardiaque dans des études précédentes, incluant le gène 9p21.

Ils ont comparé l’efficacité prédictive des 2 tests génétiques sur 2 vastes ensem-bles d’échantillons de patients. Même si les 11 autres variants à risque dans le panel ont des liens plus faibles avec la maladie du cœur que le variant 9p21, le panel dans son ensemble associé aux facteurs de risque classiques était nettement plus efficace pour prédire quels patients présentaient une maladie du cœur que les facteurs de risque classiques seuls ou les facteurs de risque classiques jumelés au variant 9p21.

D’autres recherches devront évaluer la capacité d’autres facteurs de risque génétiques validés d’améliorer cette prévision du risque ainsi que la capacité de prédire le risque pour d’autres groupes raciaux. « Des études comme CARDIoGRAM permettent de découvrir ces gènes; il revient ensuite aux différentes études qui ont des objectifs distincts comme les nôtres d’essayer d’en faire bon usage », conclut M. Davies.