CCC 2011: Évolution du diagnostic et des traitements

5 décembre 2011
Dr. Andrew Pipe
Dr. Rob Beanlands

Dans un symposium portant sur l’évolution des diagnostics et des traitements cardiovasculaires au Canada de 2000 à 2010, des sommités ont discuté des changements qu’ils ont observés au cours de cette décennie en matière de prévention, d’imagerie, de cardiologie interventionnelle et de chirurgie. Deux de ces sommités étaient des médecins de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO).

Le Dr Andrew Pipe, chef de la Division de prévention et de réadaptation, a donné le coup d’envoi avec un sondage sur les changements dans le secteur de la prévention. Le taba-gisme – cible d’intervention la plus efficace pour réduire le risque de maladie – a donné lieu à des succès importants grâce aux nouveaux médicaments et à la législation antitabagique en vigueur dans plusieurs régions. Grâce à ces efforts, le taux de tabagisme a chuté de 15 p. 100 dans la population canadienne.

Le cholestérol et la tension artérielle sont maintenant mieux gérés grâce aux meilleurs traitements offerts aux personnes présentant des problèmes d’hypercholestérolémie et d’hypertension. Les ordonnances de statines ont presque quadruplé au cours des 10 dernières années. Cependant, l’incidence de l’hypertension augmente avec la population vieillissante, tout comme l’incidence du diabète. Le diabète et l’obésité sont particulièrement préoccupants, puisque 25 p. 100 des adultes canadiens et 10 p. 100 des enfants canadiens sont obèses.

Sur le front de l’imagerie, le Dr Rob Beanlands de l’ICUO a présenté une liste des 10 plus grandes avancées des 10 dernières années soulignant les enjeux émergents et les possibilités. Diverses modalités d’imagerie ont été améliorées ou se sont imposées au cours de la dernière décennie. La cardiologie nucléaire a connu plusieurs améliorations techniques. Les progrès réalisés avec les logiciels de détection ont permis de réduire les doses de radiation et d’améliorer la qualité d’image des appareils de tomographie par émission monophotonique (TEMP), tandis que la capacité de quantifier le débit sanguin avec la tomographie par émission de positons (TEP) se révèle prometteuse pour les maladies microvasculaires. L’arrivée de l’angiographie a eu des répercussions majeures en réduisant les temps d’attente et en offrant une valeur pronostique. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a ensuite émergé et jouera un rôle plus important dans les années à venir. L’échocardiographie a aussi connu un certain nombre d’améliorations sur le plan de l’imagerie 3D, des méthodes quantifiables et de la mobilité sous forme d’unités portatives.

Des problèmes importants entourant l’imagerie ont aussi été largement confirmés. La fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River et la pénurie d’isotopes médicaux qui s’en est suivi ont mis en lumière le haut niveau de risque auquel est exposé le système; ils ont donné lieu à des efforts pour développer des substances substituts pouvant être produites sans réacteur. On a aussi mis de l’avant au cours des dernières années le problème connexe des doses de radiation auxquelles sont exposés les patients, un sujet qui sera le point de mire des progrès technologiques à venir. Le Dr Beanlands a conclu en disant que si les niveaux de radiation pouvaient être réduits suffisamment, l’angiographie deviendrait l’examen standard pour la maladie coronarienne.

D’autres conférenciers ont parlé de chirurgie et de cardiologie interventionnelle. Les plus importants changements en cardiologie interventionnelle se sont concentrés dans certains secteurs. L’intervention coronarienne primaire a beaucoup changé avec l’évolution des endoprothèses, autrefois de métal nu, maintenant à élution médicamenteuse et éventuellement résorbables, de même qu’avec l’avènement des meilleurs traitements antiplaquettaires qui réduisent le risque de coagulation. Le fait de pratiquer plus tôt les interventions coronariennes primaires grâce à l’introduction des protocoles STEMI a grandement fait chuter les taux de décès et d’accidents vasculaires cérébraux.

Des résultats d’essais cliniques probants ont aidé à déterminer quand privilégier la pose d’endoprothèses ou le pontage coronarien. L’endoprothèse est d’efficacité équivalente pour les cas moins complexes, tandis que le pontage coronarien a manifestement une longueur d’avance pour les cas plus complexes. L’émergence des techniques de remplacement valvulaire percutané a aussi donné lieu à une plus grande collaboration entre les chirurgiens et les cardiologues. L’implantation transcathéter de valvule aortique (ITVA) s’avère maintenant une solution de rechange efficace pour les patients qui ne sont pas de bons candidats pour la chirurgie.

La valvule mitrale sera vraisemblablement la prochaine cible pour le remplacement percutané.

En ce qui a trait aux interventions chirurgicales, on a observé au cours des 10 dernières années une diminution des pontages coronariens du fait que moins de cas complexes se retrouvent au laboratoire de cathétérisme cardiaque. D’autres types d’interventions sont toutefois à la hausse, et les patients que les chirurgiens voient sont de plus en plus âgés et présentent plus de comorbidités. Malgré cela, les taux de mortalité continuent à chuter. Cela s’explique, en partie, par davantage de responsabilisation et de supervision sous la forme de rapports de rendement et de suivi des résultats. Les avancées technologiques ont aussi été un autre thème majeur. Les techniques à effraction minimale raccourcissent les périodes de rétablissement et le remplacement valvulaire par ITVA est porteur d’espoir pour les patients qui ne sont pas aptes à subir une opération à cœur ouvert.

Il est important de souligner que l’ICUO a été l’un des principaux acteurs de l’innovation dans presque tous les domaines mis en lumière par les présentateurs. En prévention, le Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac est utilisé partout au Canada. En imagerie, l’Institut est un chef de file international en recherche sur la TEP, la tomodensitométrie (TDM) et les isotopes. En cardiologie interventionnelle, le Dr Michel Le May a créé le protocole STEMI auquel on doit la diminution de moitié du nombre de décès attribuables à la crise cardiaque. Enfin en chirurgie, l’ICUO a été un leader canadien de l’ITVA et le Dr Marc Ruel a été à l’avant-plan du développement de techniques chirurgicales à effraction minimale.