CCSC 2015 : Traiter les victimes d’une crise cardiaque de type STEMI

19 novembre 2015

De nombreux patients admis à l’hôpital après une crise cardiaque de type STEMI (infarctus du myocarde avec élévation du segment ST) présentent d’importants blocages dans des vaisseaux sanguins autres que le vaisseau qui est directement responsable de la crise cardiaque. Les cardiologues tentent encore de trouver la meilleure stratégie pour traiter ces patients.

L’implantation d’une endoprothèse dans le « vaisseau incriminé » est appelée « intervention coronarienne percutanée » (ICP) primaire. Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, dirigés par Juan Russo, résident en cardiologie, ont utilisé les dossiers des patients du registre STEMI de l’Institut pour voir s’il était sécuritaire d’implanter une endoprothèse dans les vaisseaux non incriminés après l’ICP primaire, mais avant que les patients quittent l’hôpital. Cette approche est qualifiée d’ICP par étape.

Ils ont étudié les dossiers de 1 038 patients STEMI dirigés à l’Institut de cardiologie entre 2004 et 2011 qui avaient un blocage supérieur à 50 % dans au moins un vaisseau non incriminé. Un quart de ces patients ont subi une ICP par étape, tandis que les trois quarts ont eu une ICP uniquement pour le vaisseau responsable de l’infarctus.

La mortalité à 180 jours était de 0,8 % chez les patients qui ont été traités par étape, par comparaison à 5,0 % chez les patients dont seul le vaisseau incriminé a été traité. L’amélioration du taux de mortalité avec une ICP par étape est restée significative même après rectification statistique des écarts de base entre patients qui auraient pu biaiser les résultats.

L’ICP par étape a aussi été associée à un plus faible taux de mortalité pendant l’hospitalisation initiale (0,4 %, comparativement 2,6 %) et à 30 jours (0,4 %, contre 2,9 %). Les taux de crise cardiaque subséquente (récidive d’infarctus), de thrombose sur endoprothèse, d’accident vasculaire cérébral et d’hémorragie grave survenus à l’hôpital étaient comparables chez les patients ayant subi une ICP par étape et chez les patients n’ayant eu qu’une ICP du vaisseau incriminé.

« Surtout, nous avons noté que tous les cas de récidive d’infarctus pendant les hospitalisations initiales étaient liés à des thromboses sur endoprothèse dans l’artère ayant causé l’infarctus », rapporte le Dr Russo. Aucun cas de récidive d’infarctus, de choc cardiogénique ou de mort secondaire à un blocage aigu dans une artère non incriminée n’a été observé, « ce qui semble indiquer que la revascularisation des vaisseaux non incriminés après l’ICP primaire peut être une stratégie sûre », ajoute-t-il.

Les lignes directrices sur les ICP de l’American Heart Association/American College of Cardiology, mises à jour en 2015 et publiées en octobre, indiquent que l’ICP des vaisseaux non incriminés faite au moment de l’ICP primaire ou après peut être envisagée chez certains patients stables. Des essais cliniques actuellement en cours fourniront une orientation plus définitive sur le meilleur moment de l’ICP par étape.