Apnée du sommeil et maladie du cœur

29 mars 2016

Quoi de mieux qu’une bonne nuit de sommeil pour faire le plein d’énergie, pour améliorer nos performances et pour se sentir frais et dispos?

Saviez-vous que dormir suffisamment était aussi important pour la santé du cœur? Une étude menée en Corée du Sud auprès de plus de 47 000 adultes a démontré que les personnes qui dormaient environ sept heures par nuit avaient significativement moins de dépôts de calcium dans leurs artères. Ces dépôts peuvent obstruer les vaisseaux sanguins, raidissent la paroi des artères et peuvent donc mener à une crise cardiaque.

Il semblerait toutefois qu’un excès de sommeil peut être également dommageable pour la santé du cœur. Les personnes qui dorment cinq heures ou moins par nuit ou plus de neuf heures par nuit obtenaient de moins bons résultats quant aux indicateurs d’une bonne santé cardiaque. Peu importe le nombre d’heures de sommeil, une pauvre qualité du sommeil avait le même effet sur la santé cardiaque des personnes qui ont participé à l’étude : augmentation des dépôts de calcium et raidissement des artères.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil?

Les personnes atteintes d’apnée du sommeil cessent de respirer de 5 à 30 fois par heure pendant leur sommeil. Aux États-Unis, un adulte sur cinq est atteint d’apnée du sommeil légère, un problème de santé qui touche plus souvent les hommes que les femmes. Les facteurs de risque de l’apnée du sommeil sont, notamment, le surpoids, une circonférence plus étroite du cou ou des voies respiratoires et le tabagisme.

Les personnes atteintes d’apnée du sommeil ne sont pas toujours conscientes qu’elles se réveillent aussi souvent pendant la nuit, mais se rendent compte de leur fatigue pendant la journée.

Le plus fréquent type d’apnée du sommeil est l’apnée obstructive du sommeil (AOS), qui se caractérise par un excès de poids au haut du torse et au cou qui obstrue le passage de l’air.

Moins commune, l’apnée centrale du sommeil (ACS) est causée par le cerveau, qui n’envoie pas les bons signaux pour faire en sorte que le diaphragme se contracte et descende vers le bas, un mécanisme essentiel à la respiration.

L’apnée du sommeil constitue l’une des principales causes d’une pauvre qualité de sommeil. Le lien causal entre l’apnée du sommeil et la maladie du cœur n’a pas été clairement démontré jusqu’ici, mais ces deux problèmes de santé semblent souvent coexister. Par exemple, on a observé que près de 30 % des personnes atteintes d’apnée obstructive du sommeil (AOS) souffrent également d’hypertension artérielle. De façon parallèle, 50 % des personnes qui font de l’hypertension artérielle souffrent également de l’AOS.

Les personnes atteintes d’AOS ont plus de chances de connaître des problèmes d’arythmie cardiaque (un rythme cardiaque trop lent ou trop rapide). Par exemple, les personnes atteintes d’AOS grave ont quatre fois plus de chance d’être atteintes de fibrillation auriculaire et ont plus de chances d’être atteintes d’une maladie coronarienne,  ce qui peut mener à une crise cardiaque. L’apnée du sommeil peut également jouer un rôle dans l’apparition d’une insuffisance cardiaque. Ainsi, lorsqu’elle n’est pas traitée, l’AOS peut mener à l’insuffisance cardiaque, mais également en aggraver les symptômes.

L’apnée du sommeil est diagnostiquée dans le cadre d’une polysomnographie (étude du sommeil), qui sert à détecter si un patient cesse de respirer pendant son sommeil. Les cas légers d’AOS peuvent souvent être traités en apportant des changements au style de vie (perte de poids, arrêter de fumer). Les cas plus graves peuvent être traités grâce à la ventilation à pression positive continue (CPAP), qui consiste à porter un masque à pression pendant le sommeil pour ouvrir les voies respiratoires.

Dr Haissam Haddad

Le directeur du Programme d’insuffisance cardiaque de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, le Dr Haissam Haddad, a récemment publié une étude faisant état des plus récentes données sur le lien entre les troubles respiratoires du sommeil (incluant l’apnée du sommeil) et l’insuffisance cardiaque. Il en est arrivé à trois conclusions probantes :

  1. Jusqu’à 50 % des patients atteints d’une insuffisance cardiaque sont également atteints d’apnée du sommeil.
  2. L’apnée du sommeil est liée à l’insuffisance cardiaque : elle est à la fois une conséquence d’un mauvais fonctionnement cardiaque et un facteur de la progression d’une insuffisance cardiaque.
  3. Les patients atteints d’AOS traités grâce à la ventilation à pression positive continue (CPAP) ont de meilleurs résultats.

Les résultats sont moins probants concernant l’apnée centrale du sommeil (ACS),  soit lorsque le cerveau ne réussit pas à informer adéquatement le corps qu’il doit respirer. L’ACS est certes plus prévalente chez les personnes qui souffrent d’insuffisance cardiaque que dans la population générale, où le syndrome est plus rare, et peut également aggraver les symptômes d’insuffisance cardiaque. Toutefois, la nature de ce type de trouble du sommeil implique que le traitement soit adapté selon le cas. Le CPAP n’améliore pas forcément la condition des patients atteints de ce type d’apnée du sommeil.

En raison du taux de prévalence élevé de l’apnée du sommeil chez les personnes atteintes de la maladie du cœur, le Dr Haddad recommande aux cardiologues et aux médecins de famille de déterminer, lors des évaluations des patients, si ceux-ci devraient subir une polysomnographie.

« Déceler et traiter l’apnée du sommeil peut améliorer les chances de survie et réduire la détérioration progressive de la santé cardiaque d’un patient, a affirmé le Dr Haddad. Les questionnaires distribués sur Internet sont des outils de dépistage simples et peu coûteux, mais ne sont pas suffisamment utilisés. De nombreux médecins, même parmi les cardiologues, ne connaissent pas très bien le lien entre l’apnée du sommeil et la maladie cardiaque. Ça demeure un facteur de risque en évolution. On verra bien ce qui se passera dans le futur. »

L’Institut de cardiologie fait ses adieux au Dr Haddad

Après 15 années à l’Institut de cardiologie, le Dr Haddad s’embarque dans une nouvelle aventure et dirigera le Département de médecine de l’Université de Saskatoon et la région sanitaire de Saskatoon et deviendra chef provincial de l’éducation en soins cliniques.

Il s’est dit excité de commencer à relever ces nouveaux défis, mais a ajouté que ses patients lui manqueront beaucoup. Il n’a par ailleurs pas écarté un éventuel retour à l’Institut de cardiologie : il n’est toujours pas prêt à vendre sa maison dans la région!