Réadaptation cardiaque et fibrillation auriculaire : doit-on corriger le tir?

23 octobre 2018

Les patients atteints de fibrillation auriculaire (FA), une maladie qui touche près de 350 000 Canadiens et qui peut nuire considérablement à la qualité de vie, ne sont hélas pas suffisamment aiguillés vers les programmes de réadaptation cardiaque. Souvent, les patients atteints de FA tolèrent mal l’exercice physique, sont en mauvaise forme physique, ont une santé mentale chancelante et vivent avec d’autres symptômes débilitants, comme l’essoufflement, la transpiration excessive ou de la difficulté à dormir.

Les avantages des programmes de réadaptation cardiaque sont bien reconnus pour les patients atteints d’autres maladies du cœur, mais les lignes directrices cliniques pour les patients atteints de FA ne prévoient actuellement pas de les aiguiller vers un tel programme.

Je trouvais inquiétait que nous n’ayons pas suffisamment de données au sujet de l’impact des programmes de réadaptation chez les patients atteints de fibrillation auriculaire.

- Jennifer Reed, Ph. D.

Jennifer Reed, chercheuse à la Division de prévention et de réadaptation cardiaque et directrice du Laboratoire de physiologie de l’exercice et de santé cardiovasculaire à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, est l’auteure d’une nouvelle étude qui a examiné l’impact des programmes de réadaptation cardiaque sur la qualité de vie, la santé mentale et les indicateurs de santé cardiométaboliques chez les patients atteints de FA (persistante ou permanente) et chez ceux qui n’avaient pas cette maladie. L’étude intitulée The Impact of Cardiac Rehabilitation on Mental and Physical Health in Patients with Atrial Fibrillation: A Matched Case-Control Study a été publiée dans le Journal canadien de cardiologie.

« Je trouvais inquiétait que nous n’ayons pas suffisamment de données au sujet de l’impact des programmes de réadaptation chez les patients atteints de fibrillation auriculaire, a affirmé Jennifer Reed en marge du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire (CCSC), à Toronto. Il y a de plus en plus de recherche à ce sujet, mais je pense qu’on peut en faire beaucoup plus. »

Jennifer Reed a parlé des résultats de cette recherche dans le cadre du CCSC.

Jennifer Reed et son équipe ont mené une étude rétrospective cas-témoins comparative dans laquelle des patients participaient à un programme de réadaptation cardiaque de l’Institut de cardiologie qui se penchait sur la gestion des facteurs de risques et qui offrait des services de soutien et des séances d’exercice physique, deux fois par semaine, pendant trois mois. L’indice de masse corporelle, le tour de taille, la tension artérielle et la fréquence cardiaque étaient mesurés. Le questionnaire court d’étude de la santé (SF-36) et l’échelle hospitalière de mesure de l’anxiété et de la dépression étaient utilisés au début de l’étude et après trois mois.

« Nous avons analysé les patients qui terminaient le programme de réadaptation cardiaque [de l’Institut de cardiologie] et avons comparé ceux qui étaient atteints de fibrillation auriculaire et ceux qui ne l’étaient pas, sur le plan de la santé mentale et physique, a expliqué la chercheuse. Au total, 94 patients ont été étudiés, dont la moitié étaient atteints de FA et l’autre moitié, non. »

L’étude a démontré que les patients atteints de FA voyaient leur qualité de vie effectivement s’améliorer, mais pas autant que les autres patients. « Les patients qui ne sont pas atteints de fibrillation auriculaire obtenaient de meilleures améliorations à leur qualité de vie », explique Mme Reed. Ainsi, si vous êtes un patient cardiaque qui n’est pas atteint de fibrillation auriculaire, vous tirerez davantage d’un programme de réadaptation cardiaque, en ce qui concerne l’amélioration de votre qualité de vie, que ceux qui ont cette maladie.

Selon Mme Reed, de plus vastes études seront nécessaires pour évaluer l’impact de la réadaptation cardiaque sur la qualité de vie des patients atteints de FA.