Un traitement lumineux pour prolonger la durée de vie du masque chirurgical N95

6 mai 2020
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Notre équipe éditoriale travaille de la maison à une série d’articles au sujet du coronavirus. Ce texte, le premier de la série, vous présente une innovation avant-gardiste pour décontaminer les masques chirurgicaux usagés.

Les masques chirurgicaux N95 sont un exemple d’équipement de protection individuel (ÉPI) qui protège les travailleurs de la santé de première ligne contre la propagation de la COVID-19. La demande de masques a bondi dernièrement, et les entreprises du monde entier intensifient leurs efforts de production pour répondre à cette forte croissance. Pour ces entreprises, et pour les scientifiques de tous les continents, c’est une course contre la montre pour endiguer la maladie.

Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), en partenariat avec des équipes de Luzchem Research Inc. et conseillés par le professeur Tito Scaiano de la Faculté des sciences de l’Université d’Ottawa, « éclairent » (au sens littéral et figuré) le problème.

Emilio Alarcon, Ph.D., est chercheur à la Division de chirurgie cardiaque et au Groupe de recherche de solutions thérapeutiques et de bio-ingénierie (BEaTS) à l’ICUO, et professeur adjoint au Département de biochimie, microbiologie et immunologie de l’Université d’Ottawa. Avec une équipe multidisciplinaire comprenant un groupe dynamique de stagiaires, il met au point un processus qui combine la température et la lumière pour « nettoyer » efficacement les masques utilisés (et potentiellement contaminés). Le projet est financé par une subvention Alliance relative à la COVID-19, un programme du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) qui fait appel à l’expertise des chercheurs canadiens et de leurs partenaires afin de relever le défi que représente cette crise sans précédent.

A photothermal device used to decontaminate used and potentially contaminated N95 surgical face masks.
Dispositif photothermique utilisé pour décontaminer des masques chirurgicaux N95 usagés et potentiellement contaminés.

« C’est un système confiné qui ressemble à un lit de bronzage, explique le chercheur. Les masques usagés sont traités dans une pièce adaptée pour la décontamination, où ils sont exposés à un traitement photothermique qui élimine de façon sécuritaire les microbes nocifs qui pourraient provoquer une infection. »

Il explique que la technologie pourrait bientôt permettre aux travailleurs de la santé du pays de réutiliser leur masque une deuxième ou même une troisième fois sans compromettre leur santé et leur sécurité, ni celles des patients qu’ils soignent.

Nous voulons essentiellement doubler, voire tripler le nombre de masques disponibles pour le système de santé canadien

- Emilio Alarcon

« Nous voulons essentiellement doubler, voire tripler le nombre de masques disponibles pour le système de santé canadien, explique le chercheur. Cette technologie pourrait aussi servir à la décontamination et à la réutilisation d’autres ÉPI comme les masques chirurgicaux et les écrans faciaux. »

« C’est une période délicate pour la science, ajoute Emilio Alarcon. Il est facile et naturel de ressentir de la frustration dans une telle période d’incertitude. Ceux d’entre nous qui le peuvent ont le devoir collectif, en tant que scientifiques, de se dépasser, de remettre en question leur conception de ce qui est possible. Pour moi, c’est l’essence même du travail de chercheur. »

Doctors at the Heart Institute prepare N95 surgical face masks for decontamination using a photothermal device.
De gauche à droite : les chercheurs Mohammad Al-Khalaf, Adil Rasheed et Marcelo Muñoz (un des principaux inventeurs du dispositif photothermique) préparent des masques chirurgicaux N95 pour la décontamination.

Le dispositif s’est révélé efficace pour l’éradication des bactéries et des virus; l’équipe de recherche a fait une demande de brevet et attend l’approbation de Santé Canada. Emilio Alarcon, le laboratoire BEaTS et Luzchem espèrent déployer la technologie dans quelques semaines. « Nous sommes très reconnaissants d’avoir reçu une subvention du CRSNG, sans laquelle ce travail ne serait pas possible, affirme le chercheur. Grâce à leur appui additionnel, le gouvernement et nos généreux donateurs nous permettent de poursuivre nos efforts pour freiner la propagation de cette maladie. »

COVID-19 – Ressources

Des hôpitaux de partout dans le monde annulent ou reportent les interventions et les examens non urgents afin de prévenir la propagation du virus. Les patients se tournent également vers des options de télésanté pour obtenir des soins ou des conseils; ils évitent ainsi l’hôpital, où ils craignent d’attraper la COVID-19 ou de la transmettre eux-mêmes à leur insu. On constate aussi que les patients ayant subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral ont pratiquement disparu des hôpitaux, ce qui marque un changement sans précédent dans la demande de services hospitaliers imposée par la pandémie.

Sur son site web, l’ICUO demande à tous ceux qui ressentent des symptômes cardiaques de ne pas tarder à obtenir de l’aide médicale d’urgence. Des soins trop tardifs pourraient avoir des conséquences à long terme sur le résultat des traitements.

Téléchargez et partagez ce document infographique (PDF) conçu par l’ICUO, et consultez ce site, où vous trouverez des nouvelles et des ressources utiles sur la COVID-19, des conseils pour demeurer en sécurité et en santé pendant la pandémie, et des réponses à vos questions sur les répercussions du virus sur votre santé cardiaque.

Ensemble, nous pouvons vaincre ce virus.