Les Entretiens du Beat : Dr Talal Al-Atassi

6 octobre 2020
Les entretiens The Beat : Dr. Talal Al-Atassi
Nous lançons une nouvelle rubrique pour vous présenter les personnalités brillantes et professionnels chevronnés qui composent la famille de l’Institut de cardiologie. Cette semaine, nous vous présentons un membre de notre équipe de chirurgie cardiaque, le Dr Talal Al‑Atassi.

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la médecine?

Ça remonte en fait à mon amygdalectomie, quand j’avais cinq ans. Rencontrer les médecins et entendre l’anesthésiste me dire qu’il allait m’endormir, ça a tout changé pour moi. Malgré mon jeune âge, cette expérience m’a profondément impressionné.

Je suis né en Syrie. À l’époque, on n’avait ni ordinateurs ni iPhone. Je me souviens m’être rendu chez l’imprimeur du coin pour m’y faire faire des cartes de visite. Je venais tout juste de terminer un projet sur le système cardiovasculaire à l’école, et j’étais fasciné par le cœur. Sur mes cartes, j’avais fait mettre « cardiologue » comme profession. Même à cet âge-là, je savais que j’aimais le milieu hospitalier, et ce projet m’avait vraiment enivré.

« Sur le plan technique, la cardiologie est l’une des spécialités les plus difficiles qui soient : la marge d’erreur est très faible, et j’adore ça. »

 

- Dr Talal Al‑Atassi

Je savais que je voulais devenir médecin. L’anatomie, la physiologie, la mécanique du cœur m’attiraient. Mais ce qui me plaisait le plus, c’était le potentiel de faire une différence radicale et instantanée dans la vie du patient. Sur le plan technique, la cardiologie est l’une des spécialités les plus difficiles qui soient : la marge d’erreur est très faible, et j’adore ça.

Où avez-vous fait vos études et quelles sont vos spécialisations?

J’ai fait ma médecine à l’Université McGill avant d’accéder au programme de formation pour chirurgiens cardiologues à l’Institut. J’ai reçu ma spécialisation en chirurgie cardiaque du Collège royal en 2015, puis j’ai été chef résident pendant trois à quatre ans, une expérience qui a beaucoup enrichi mon apprentissage.

Pendant ma résidence, j’ai aussi obtenu une maîtrise en santé publique de l’Université Harvard avec spécialisation en épidémiologie et en biostatistique.

En 2015, je me suis rendu aux États-Unis, d’abord au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles pour une formation complémentaire en chirurgie de l’aorte selon des techniques à effraction minimale, que l’on appelle chirurgie endovasculaire. J’ai fait une autre année à l’Université Emory d’Atlanta, où je me suis spécialisé en chirurgie valvulaire à effraction minimale, et plus particulièrement dans les traitements percutanés et transcathéters. Je suis le premier chirurgien canadien à suivre une formation officielle sur ces techniques transcathéters de pointe dans ces centres américains de renom.

Quels sont vos champs d'intérêt cliniques et pourquoi les avoir choisis?

Je m’intéresse principalement à la chirurgie aortique et aux traitements valvulaires percutanés et transcathéters.

La chirurgie aortique exige beaucoup de planification, d’où mon intérêt en la matière. Elle est d’une part particulièrement difficile à réaliser sur le plan technique, et de l’autre, elle a des effets immédiats sur le patient. Bon nombre de dissections aortiques aiguës sont associées à un taux de mortalité élevé. En opérant, le chirurgien et l’équipe de soins peuvent complètement changer le cours des choses.

Les innovations technologiques et les techniques mises au point ces dix dernières années ont véritablement transformé la chirurgie cardiaque. L’implantation transcathéter de valvule aortique est l’une des plus importantes révolutions à survenir dans le domaine. À l’aide de sondes, un chirurgien peut maintenant insérer une valve dans l’aine du patient sans l’endormir : nul besoin d’opérer à cœur ouvert. Ça a complètement réformé la chirurgie cardiaque et la cardiologie. À l’Institut, on utilise cette technique en équipe multidisciplinaire. Cardiologues, chirurgiens, radiologues, personnel infirmier s’assoient tous ensemble pour discuter de chaque cas. Tout ça contribue énormément aux soins des patients, parce que ceux-ci ont maintenant bien plus d’options et peuvent compter sur une équipe qui se consacre à prendre soin d’eux, à penser à eux, et à atteindre les meilleurs résultats possible pour eux.

Vous travaillez à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Que représente cet établissement pour vous?

J’ai voulu travailler à l’Institut parce que ses chirurgiens sont réputés être d’excellents mentors. Mais c’est la culture familiale, le milieu et la collégialité entre les équipes soignantes qui me plaisent par-dessus tout. L’Institut au grand complet est comme une famille – je n’ai jamais connu ça ailleurs. Si je suis venu poursuivre ma formation ici, c’est pour cette atmosphère familiale et pour le mentorat sur mesure que m’ont offert les chirurgiens cardiologues de l’ICUO.

Ma formation à l’Institut m’a été si utile que j’ai décidé d’y revenir : je voulais continuer à travailler dans un milieu si positif. Je veux redonner à l’établissement qui a contribué à faire de moi le chirurgien que je suis aujourd’hui.

Qu’espérez-vous accomplir professionnellement à l’Institut de cardiologie?

Mes objectifs rejoignent les trois piliers de l’Institut : l’excellence clinique, la recherche et l’éducation. Je tiens à ajouter au répertoire de l’Institut et à repousser les limites de mon champ de pratique pour que l’Institut demeure à la fine pointe de mes domaines de spécialité.

Nous produisons de la recherche de très haut calibre. J’ai espoir de continuer à contribuer aux recherches innovantes qui nous démarquent sur la scène internationale. Je veux innover ici même, à l’Institut.

Je veux aussi donner au suivant et former une nouvelle génération de chirurgiens cardiologues d’exception. En mars 2020, on m’a promu directeur du programme de résidence. Mon but, c’est d’aider les résidents à vivre ce que j’ai moi-même vécu quand j’ai fait ma formation ici. Je veux qu’ils aient le sentiment d’exceller sur le plan technique et de pouvoir faire de précieux apports à la recherche.

Si vous pouviez dire une chose à tous vos patients, qu’est-ce que ce serait?

Je rappelle toujours à mes patients que je ferai de mon mieux, et que je les soignerai comme s’ils étaient membres de ma propre famille. Les patients veulent savoir qu’on est là pour eux et qu’on fait de notre mieux. Cette même attitude prévaut aussi pour la recherche et l’éducation, tout comme pour les résidents qui nous arrivent. On fait des choses extraordinaires, et on les fait extraordinairement bien. On donne réellement tout ce qu’on a. Cette philosophie, tout le monde à l’Institut la partage, et c’est pourquoi on fait si bien les choses.