Notre nouveau chef de la Division d’anesthésiologie cardiaque

29 mai 2012
Dr Jean-Yves Dupuis, Chef de la Division d’anesthésiologie cardiaque, à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa

À chaque nouveau groupe de résidents en anesthésiologie cardiaque, le Dr Jean-Yves Dupuis explique qu’il peut leur sembler difficile de prévoir quels tours et détours prendra leur carrière. « Je leur dis qu’au dernier jour de mon internat en 1979, j’avais juré de ne jamais remettre les pieds dans un hôpital universitaire – je voulais faire carrière en parcourant le monde – et pourtant, je suis ici », raconte le chef de division nommé dernièrement. Le Dr Dupuis a pris la direction de la Division d’anesthésiologie cardiaque à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) en mars de cette année.

Loin de ne jamais remettre les pieds dans un hôpital universitaire, le Dr Dupuis vit en 2012 sa vingtième année à l’ICUO. L’équipe qu’il dirige aujourd’hui est très respectée. « Nous avons un très bon groupe d’anesthésistes qui pratiquent leur art à un très haut niveau du point de vue clinique », dit-il. Les anesthésistes de l’ICUO offrent des services d’anesthésie et de monitorage à la fois au bloc opératoire et dans les laboratoires de cathétérisme. Les intensivistes de la Division assurent également le monitorage et la coordination des soins pour les patients de l’Unité de soins intensifs en chirurgie cardiaque (USICC), une spécialité que l’on désigne communément sous le terme de médecine de soins intensifs.

Le principal défi qu’il voit à l’horizon est le vieillissement de la population de patients qui souffrent de maladies chroniques multiples. Mais les améliorations apportées à la pratique ont déjà porté leurs fruits. « Ce qui est intéressant, c’est qu’en dépit du fait que les patients sont maintenant plus malades et plus âgés, nos résultats sont demeurés stables sur le plan de l’issue et de la mortalité », précise-t-il. Mais soigner ces patients mobilise de nombreuses ressources, et il doute que les ressources augmentent au même rythme que la demande de soins cardiaques.

Il suppose que dans un avenir proche « les anesthésistes et les intensivistes devront apprendre à travailler autrement, à sortir des sentiers battus ». Il prédit qu’un grand nombre de patients âgés seront rapidement transférés de l’USICC aux unités de soins afin d’accroître la capacité. Les intensivistes agiront comme consultants actifs auprès des infirmières et des médecins des unités de soins pour les aider à éviter le retour des patients aux soins intensifs.

Un nouvel objectif qui aidera à tenir compte de la nature changeante des soins cardiaques est le développement d’un programme exhaustif d’amélioration de la qualité englobant tous les secteurs cliniques couverts par l’anesthésiologie cardiaque. Une meilleure documentation des incidents critiques et des « quasi-incidents » dans les domaines de l’anesthésie et des soins intensifs est l’un des éléments importants de ce programme.

Le Dr Dupuis souligne qu’il ne faut pas confondre incidents et erreurs. « Les incidents ne découlent pas toujours d’erreurs; un patient peut présenter des complications graves alors que tout a été fait correctement. Cela peut se produire quand nous avons recours à une pratique de pointe, mais c’est peut être aussi cette pratique de pointe qui doit être améliorée, explique-t-il. Et nous ne pouvons pas améliorer une pratique sans avoir une parfaite compréhension de nos résultats. » Il prévoit mettre en œuvre un projet annuel d’amélioration de la qualité pour les domaines de l’anesthésie et des soins intensifs qui sera axé sur la documentation interne, la réduction des taux d’infection postopératoire et la diminution du temps d’hospitalisation à l’USICC.

De nouveaux défis se posent aussi en raison du développement d’interventions cardiaques à effraction minimale qui nécessitent l’adaptation des protocoles d’anesthésie classiques. Les remplacements valvulaires percutanés réalisés au laboratoire de cathétérisme cardiaque comblent le fossé entre l’univers de la chirurgie cardiaque et celui de la cardiologie interventionnelle.

La grande expérience des membres de la Division d’anesthésiologie leur a même valu des demandes de soutien de la part d’autres spécialités. Par exemple, un groupe de neurochirurgiens de L’Hôpital d’Ottawa a réclamé leur aide pour une intervention expérimentale visant à refermer un anévrisme cérébral géant. L’intervention nécessitait un arrêt circulatoire en hypothermie profonde, combinaison complexe d’anesthésie, de maintien des fonctions vitales et de monitorage, procédure que le personnel de la Division avait déjà réalisée dans le cadre d’interventions cardiaques complexes.

« Il se peut que nous devions jouer un plus grand rôle et intervenir sur d’autres sites pour aider les gens à faire cela, car nous sommes le seul groupe [à Ottawa] à avoir une expérience de la circulation extracorporelle et du monitorage cardiaque complexe », explique le Dr Dupuis.

Le Dr Dupuis poursuit un autre objectif, soit celui de raviver la productivité de la recherche en anesthésiologie cardiaque. Le programme de recherche a été touché récemment par le départ à la retraite du Dr Howard Nathan, sa tête dirigeante depuis longtemps, et par les horaires surchargés qui ont tenu les membres du personnel, tous actifs en recherche, très occupés en clinique.

La Division a réagi en enrichissant son personnel, notamment en embauchant la Dre Diem Tran, ancienne résidente en anesthésie cardiaque à l’ICUO qui a fait une maîtrise en épidémiologie clinique avec George Wells au Centre de méthodes de recherche, pour codiriger les efforts de recherche à venir. Elle sera rejointe par le Dr Christopher Hudson qui termine également une maîtrise en épidémiologie et orientera ses recherches à venir sur des études sur des résultats épidémiologiques en lien avec la pratique au sein de la Division.

Comme pour toute recherche menée à l’ICUO, ces efforts sont liés à l’amélioration des soins aux patients et à l’avancement de la médecinecardiovasculaire. Par exemple, le Dr Hudson a entrepris une étude auprès de plus de 15 000 patients en cardiologie, pour comprendre comment certains aspects de la pratique en anesthésiologie pouvaient être associés à des résultats moins favorables et comment l’ICUO peut modifier ses pratiques actuelles pour obtenir de meilleurs résultats. Le personnel de la Division poursuit les efforts de recherche en cours dans les domaines de l’échocardiographie transœsophagienne et l’amélioration de la communication patient-médecin dans un contexte de soins intensifs.

Durant sa propre résidence, le Dr Dupuis a rencontré le Dr Earl Wynands, le premier chef de la Division d’anesthésiologie cardiaque à l’ICUO. Sous la tutelle du Dr Wynands, il est devenu le premier boursier en anesthésie cardiaque de l’ICUO. Ce qui ne devait être qu’un détour sur son parcours vers la pratique de la médecine dans des pays en développement est devenu le travail d’une vie. « Il y avait une porte ouverte devant moi; je suis entré, j’ai exploré, j’ai aimé et je suis resté », raconte le Dr Dupuis.

Après 20 ans à l’ICUO, le Dr Dupuis demeure tout aussi fasciné par la recherche et les formidables possibilités de soins. « La qualité des soins offerts ici est assez exceptionnelle, et les gens qui travaillent ici sont vraiment exceptionnels, dit-il. L’ICUO est unique parce que nous partageons tous les mêmes objectifs et nous travaillons comme une famille. Je pense que ça vient des gens qui ont fondé cet endroit, le Dr Wilbert Keon et le Dr Donald Beanlands; ils ont jeté les bases d’une culture extraordinaire. »