Une intervention associant radiothérapie et cardiologie utilisée pour la première fois au Canada

25 novembre 2019
Une intervention associant radiothérapie et cardiologie utilisée pour la première fois au Canada
L’Institut de cardiologie est l’un des seuls centres au monde capables d’utiliser cette technique totalement non effractive pour traiter des maladies cardiovasculaires.

Le mois dernier, une équipe de médecins de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), en partenariat avec leurs collègues du Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa, ont réussi, pour la première fois au Canada, une radio-ablation cardiaque sans incision aucune. L’intervention, basée sur des techniques mises au point par des médecins et chercheurs de l’Université Washington à St. Louis (Mo., É.-U.), s’est déroulée sans incident. L’Institut de cardiologie serait maintenant un des seuls centres au monde capables d’utiliser cette technique totalement non effractive pour traiter des maladies cardiovasculaires.

« Nous avons commencé à traiter des patients souffrant d’arythmies potentiellement mortelles de façon totalement non effractive – sans incision –, en combinant des traitements de radiothérapie normalement utilisés contre le cancer et de nouvelles techniques d’électrophysiologie. L’intervention ne cause pas de douleur ou presque et ne nécessite pas l’hospitalisation du patient », explique le Dr Calum Redpath, cardiologue-électrophysiologiste à la Division de cardiologie de l’ICUO et chef du projet.

Étant donné la nouveauté de l’intervention, elle n’est actuellement offerte qu’à titre de traitement compassionnel, aux patients souffrant de tachycardie (trouble du rythme cardiaque qui peut entraîner la mort) qui ne peuvent ou ne veulent pas poursuivre plus avant les traitements conventionnels les plus intenses. Beaucoup de ces patients vivent de façon autonome et prennent de puissants médicaments, mais souffrent néanmoins des décharges répétées et douloureuses d’un défibrillateur.

Cette nouvelle technique offre une option de traitement qui ne nécessite aucune incision. C’est une innovation qui change la donne, pratiquement un conte de fées.

- Dr Calum Redpath, cardiologue-électrophysiologiste, ICUO

« Cette nouvelle technique offre une option de traitement qui ne nécessite aucune incision, explique le Dr Redpath. C’est une innovation qui change la donne, pratiquement un conte de fées. »

Dr. Calum Redpath’s research and clinical interests are rooted in the prevention, detection and treatment of all arrhythmia-related disorders.
Comme chercheur et clinicien, le Dr Calum Redpath s'intéresse principalement à la prévention, au dépistage et au traitement de toutes les formes d’arythmie.

La radio-ablation combine deux techniques novatrices de radiothérapie et de cardiologie : l’imagerie électrocardiographique, qui permet de caractériser et de cartographier l’activité électrique du cœur à l’aide de techniques d’imagerie sophistiquées, et la radiothérapie cardiaque, dans laquelle le radio-oncologue « brûle » les parties endommagées du muscle cardiaque par radiothérapie ciblée. Jusqu’à maintenant, l’intervention semble réduire le fardeau de l’arythmie de 94 à 99 %, et ce, sans causer de détérioration marquée de la fonction cardiaque – seule une inflammation mineure a été observée à date. L’intervention peut se faire à l’intérieur d’un rendez-vous d’une heure.

« Le traitement ne cause pas de douleur. Le patient est éveillé et pleinement conscient », dit le Dr Andrew Crean, codirecteur du service d’IRM cardiaque de l’ICUO et membre de l’équipe de radio-ablation. Le Dr Crean travaille avec le Dr Redpath à identifier les tissus cardiaques endommagés qui causent l’arythmie.

Une étude par cartographie de la tachycardie ventriculaire permet de trouver le foyer de l’arythmie. Le Dr Graham Cook, radio-oncologue au Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa, peut ensuite cibler les parties à détruire.

« La perspective d’utiliser cette technique pour traiter des problèmes cardiaques est exaltante, affirme le Dr Cook. En un seul traitement de 30 minutes, nous espérons prolonger la vie de nos patients actuels, qui pourront plus tard participer à des études pour nous aider à mesurer les bienfaits de l’intervention et établir qui est susceptible d’en profiter au maximum. »

« Ces innovations ne seraient pas possibles sans le généreux soutien de notre communauté, nos partenaires à L’Hôpital d’Ottawa et à la Fondation de l’ICUO, et l’appui financier sans réserve de la Fondation R. Howard Webster et Cynthia Baxter et famille », a dit le Dr Thierry Mesana, président-directeur général de l’ICUO.

Les Drs Graham Cook (à gauche) et Calum Redpath (au centre) expliquent une nouvelle technique pour traiter les maladies cardiovasculaires lors d’une récente entrevue avec le journaliste Adrian Harewood à l’émission Our Ottawa (CBC, en anglais).