Les personnes défavorisées sont les plus touchées par la pandémie de COVID-19

21 septembre 2020
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Une nouvelle étude révèle comment la population canadienne compose avec l’évolution de la pandémie.

La pandémie de COVID‑19 n’épargne aucune région de la planète.

En avril, un mois après que l’Organisation mondiale de la santé a établi que le nouveau coronavirus constituait une pandémie mondiale, des chercheurs du Centre de santé mentale Royal Ottawa, de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) et de plusieurs autres établissements de l’Ontario et du Québec ont fait circuler un sondage longitudinal pour évaluer les impacts de la pandémie de COVID‑19 sur la population canadienne.

Ce sondage visait plus précisément à examiner les impacts psychologiques, sociaux et financiers de la pandémie chez les professionnels de la santé, les personnes qui avaient déjà des problèmes de santé mentale et la population générale à divers stades de l’épidémie.

Le sondage, qui a été téléversé sur des sites Web, diffusé sur les médias sociaux et partagé avec des organismes et des hôpitaux de tout le pays, invitait les répondants à évaluer leur degré de stress perçu au plus fort de la pandémie par rapport à leur niveau de stress estimé avant la pandémie. Plus de 6 000 personnes ont répondu au sondage.

Sans grande surprise, les chercheurs ont constaté que la pandémie causait un stress accru à la population canadienne. Mais les analyses préliminaires ont aussi révélé une réalité plus crue : les personnes vulnérables (dont les jeunes mères, les personnes ayant des troubles mentaux, cognitifs ou physiques, et les personnes défavorisées sur le plan économique) sont parmi les plus durement touchées.

Les résultats du sondage constituent aussi un signal d’alarme pour les personnes cardiaques, puisque le stress et d’autres troubles mentaux sont étroitement associés aux maladies cardiaques.

« L’étude a permis d’établir que 30 % des répondants avaient éprouvé une hausse cliniquement significative de leur niveau de stress perçu », explique Jodi Edwards, Ph.D., directrice du Programme de recherche sur le cœur et le cerveau à l’ICUO et responsable de cette étude à l’ICUO. Les facteurs indépendants les plus fortement liés à une hausse du stress étaient le fait d’avoir un trouble de santé mentale antérieur, d’être de sexe féminin, d’être jeune, d’avoir des enfants et de noter la présence de symptômes liés à la COVID‑19.

Lors d’une entrevue téléphonique avec The Beat, Jodi Edwards a expliqué que, selon les données préliminaires, les taux de perte d’emploi ou de perte de salaire supérieure à 35 % en raison de la pandémie étaient plus élevés chez les individus ayant un revenu familial annuel inférieur à 40 000 $ comparativement à ceux ayant un revenu familial supérieur. Parallèlement, les pertes d’emploi et de salaire étaient plus courantes chez les individus n’ayant pas de diplôme universitaire ou ayant déjà reçu un diagnostic de trouble de santé mentale.

« [...] les personnes les plus vulnérables de notre société sont celles qui sont le plus durement touchées dans divers domaines. »

- Jodi Edwards, Ph.D., ICUO

« Ces résultats sont vraiment très alarmants, souligne la chercheuse. Ils indiquent que les personnes les plus vulnérables de notre société sont celles qui sont le plus durement touchées dans divers domaines. »

Dr. Jodi Edwards, UOHI
La chercheuse Jodi Edwards a été recrutée en décembre 2017 pour diriger le Programme de recherche sur le cœur et le cerveau à l’ICUO. Dans le cadre de son programme de recherche, elle étudie avec ses collègues les liens entre le cerveau, le cœur et l’esprit, une nouvelle priorité stratégique en matière de recherche et d’innovation à l’ICUO.

En outre, Jodi Edwards souligne que même si seulement la moitié des parents ayant des enfants mineurs ont signalé qu’eux ou leur partenaire faisaient l’école à la maison, la plupart des répondants ont indiqué que la pandémie avait perturbé la gestion de l’équilibre travail/études et de leur vie familiale. En moyenne, la qualité des relations avec la famille et les amis « s’est considérablement détériorée par rapport aux estimations antérieures à la pandémie ».

« Nous constatons que les effets négatifs de la pandémie touchent de manière disproportionnée les groupes déjà défavorisés, conclut Jodi Edwards. Nous devons absolument tenir compte de ces groupes vulnérables dans nos efforts vers la relance économique et sociale. »

La chercheuse estime que les résultats sont particulièrement pertinents pour les personnes souffrant de maladies cardiaques. « Bien que tout le monde devrait prendre des mesures proactives pour gérer son stress, il est particulièrement important que les personnes cardiaques maintiennent de saines habitudes dans le cadre de leur traitement, notamment en faisant régulièrement de l’exercice, en gérant leur stress et en ayant un horaire de sommeil régulier. »

Des analyses futures des données se pencheront sur les impacts spécifiques de la pandémie sur les personnes souffrant de divers types de maladies chroniques, dont la maladie du cœur. Une autre analyse future de cette étude portera sur les habitudes de sommeil pendant la pandémie.

Cette étude a été dirigée par la Dre Rébecca Robillard du Centre de santé mentale Royal Ottawa, en collaboration avec des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa, de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, de l’Hôpital Sunnybrook, du Centre régional de santé de Southlake, du Centre de toxicomanie et de santé mentale, de l’Hôpital Rivière-des-Prairies, de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et de divers centres du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, qui sont associés à l’Université d’Ottawa, l’Université de Montréal et l’Université McGill. L’étude fera l’objet d’une série de publications à venir, dont la première est en cours de révision.