L’essai OCEAN, une étude internationale novatrice menée conjointement par l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et le Centre universitaire de santé McGill, a fourni les premières preuves permettant de répondre à l’une des questions les plus importantes de l’électrophysiologie clinique moderne : peut-on arrêter l’anticoagulation en toute sécurité après une ablation réussie de la fibrillation auriculaire (FA)?
En collaboration avec l’équipe internationale OCEAN, David Birnie et George Wells ont publié « Antithrombotic Therapy after Successful Catheter Ablation for Atrial Fibrillation » dans le New England Journal of Medicine en novembre 2025.
La FA est le type d’arythmie le plus courant dans le monde. Elle touche des millions de personnes et augmente considérablement le risque d’AVC. L’ablation par cathéter est une intervention couramment utilisée pour soulager la FA. Or, les lignes directrices actuelles recommandent la prise d’anticoagulants à long terme, même après une ablation réussie, car on ne savait pas, jusqu’à présent, si l’ablation réduisait aussi le risque d’AVC. Les résultats révolutionnaires de l’essai OCEAN suggèrent que la plupart des patients ayant subi une ablation réussie de la FA et ne présentant aucune récidive peuvent arrêter en toute sécurité de prendre des anticoagulants oraux. Cette découverte réduira les complications hémorragiques et améliorera la qualité de vie de millions de personnes chaque année. L’étude a montré que l’anticoagulation à long terme n’offrait aucun avantage clair et augmentait en fait le risque de saignement, ce qui vient confirmer l’importance de stratégies antithrombotiques personnalisées après une ablation. Dans le cadre de cet essai clinique randomisé, 1284 personnes ont pris soit du rivaroxaban, soit de l’aspirine pendant trois ans, au moins un an après une ablation réussie de la FA.
Cette étude, présentée dans le cadre de la séance « Late Breaking Science » (travaux de dernière heure) lors des Séances scientifiques de l’American Heart Association, redéfinira les lignes directrices, les pratiques cliniques et les politiques, ce qui aura pour effet de réduire les coûts des soins de santé et les événements indésirables en évitant la prise d’anticoagulants lorsqu’ils ne sont pas nécessaires. Les résultats ont également fait l’objet d’une large couverture médiatique, notamment dans l’American College of Cardiology News, qui a souligné leurs implications pour l’évolution de la pratique clinique.
Les résultats de l’étude OCEAN concordent avec les nouvelles données issues d’études indépendantes, dont ALONE-AF, publiée dans JAMA en novembre 2025. La reproductibilité de ces recherches, comme démontré par l’obtention de résultats similaires dans deux essais cliniques majeurs menés sur des populations différentes, témoigne de la fiabilité des données et constitue une base convaincante pour la révision des pratiques cliniques à l’échelle mondiale. Les résultats de l’essai OCEAN vont transformer les directives, réduire les risques inutiles de saignement et améliorer la qualité de vie de millions de patients dans le monde entier.
Anticoagulants à long terme sont-ils nécessaires après une ablation de la fibrillation auriculaire?